S’avérer vrai / S’avérer faux

Le verbe avé­rer (du la­tin ve­rus, « vrai ») si­gni­fie éty­mo­lo­gi­que­ment « vé­ri­fier et faire ap­pa­raître comme vrai ».

Il est avéré que cet homme est un menteur.

Le cou­rage et l’al­truisme sont deux qua­li­tés avérées.

Cette hy­po­thèse, tant dé­criée par le passé, est à pré­sent avérée.

C’est une chose qu’on ne peut avérer.

Son ha­bi­leté s’a­véra sur le ter­rain. (C’est-à-dire se ma­ni­festa.)

 

La forme pro­no­mi­nale s’a­vé­rer, que l’on ren­contre très fré­quem­ment, est dans l’u­sage presque tou­jours sui­vie des ad­jec­tifs vrai ou faux (ou tout autre équi­valent). Il s’a­git ce­pen­dant d’une er­reur, que l’é­ty­mo­lo­gie du terme per­met de com­prendre ai­sé­ment. L’i­dée de vé­rité étant conte­nue dans le verbe avé­rer, la tour­nure « s’a­vé­rer vrai » ap­pa­raît lo­gi­que­ment comme un pléo­nasme et doit être évi­tée. On évi­tera a for­tiori la tour­nure « s’a­vé­rer faux » qui, elle, est un non-sens. Il est donc in­utile de per­sis­ter à dire que telle pré­vi­sion « s’est avé­rée fausse », ou que telle in­for­ma­tion « s’est avé­rée vraie », pas plus qu’elle ne « s’est avé­rée juste » ou « exacte ». On dira sim­ple­ment que l’­in­for­ma­tion en ques­tion s’est avé­rée (ou qu’elle est avé­rée).

Ce­pen­dant, il est tout à fait pos­sible de faire suivre avé­rer d’un ad­jec­tif à condi­tion qu’il ne soit pas re­don­dant et qu’il n’entre pas en contra­dic­tion avec le sens du verbe :

Les conseils qu’il nous a don­nés se sont avé­rés utiles.

Les va­cances que nous avons pas­sées à la cam­pagne se sont avé­rées reposantes.

 

Avec la tour­nure im­per­son­nelle il s’a­vère que, l’emploi des ad­jec­tifs vrai, faux, exact… ne pose au­cun problème :

Il s’a­véra que le cal­cul était faux. (C’est-à-dire il ap­pa­rut que…)

 

Dans la plu­part des cas, le verbe se ré­vé­ler peut par­fai­te­ment se sub­sti­tuer à s’a­vé­rer, per­met­tant ainsi d’é­lu­der le pro­blème. On pourra le faire suivre de l’ad­jec­tif de son choix sans craindre le pléo­nasme ou le non-sens.

Les in­di­ca­tions de cet homme se sont ré­vé­lées in­exactes. (Et non avé­rées in­exactes.)

Ses cal­culs se sont ré­vé­lés faux. (Et non avé­rés faux.)

Toutes les ac­cu­sa­tions se ré­vèlent fi­na­le­ment vraies. (Et non s’a­vèrent fi­na­le­ment vraies.)