La locution au final, condamnée par l’Académie ou présentée comme familière, est de plus en plus répandue et s’apparente parfois davantage à un tic de langage qu’à une véritable intention de conclusion. On la trouve cependant dans plusieurs dictionnaires récents, où elle a réussi à s’imposer, ce qui, selon certains, suffit à la légitimer.
Formée par analogie avec des locutions telles que au total et au départ (toutes deux composées d’un nom : total et départ), la construction au final est considérée comme fautive, car on lui reproche de faire de final un substantif, alors qu’il n’est au départ qu’un adjectif (comme dans point final).
Son acception en tant que nom commun existe bel et bien, mais dans un tout autre contexte : le final, ou le finale (dérivé de l’italien), désigne la dernière partie d’une œuvre musicale. Il fait finals (ou finales) au pluriel. Si l’idée de fin est bien présente, il paraît clair que ce n’est pas le sens artistique qui est ici recherché et que celui-ci n’est probablement pour rien dans le sens de la locution incriminée.
Incorrect, donc, mais tout de même lexicalisé, au final a l’avantage de s’intercaler dans le discours sans pour autant y mettre fin, contrairement à l’adverbe finalement ou à d’autres substituts autorisés (voir ci-dessous), dont le caractère conclusif est plus marqué. Dans la langue soignée, on l’évitera cependant.
Les puristes emploieront donc de préférence, selon le contexte : finalement, à la fin, pour finir, in fine, en fin de compte, au bout du compte, tout compte fait, en dernier lieu, somme toute, en définitive, à l’arrivée…
Mon frère, resté trop longtemps en Italie, dit même “A la finale”, traduction auto-induite par lui-même du “Al finale” italien, correspondant, en définitive, à ce fameux “Au final”.
Mais bon, il met des “A la” partout, même quand il va “à la douche” (al doccia) voire même “faire la douche” (fare la doccia) (pour “se doucher”).