Précédée par le démodé « signal sonore » lorsque les répondeurs téléphoniques ont fait leur apparition, l’expression bip sonore est aujourd’hui considérée comme un pléonasme, dans la mesure où un bip ne peut se manifester autrement que par un son.
Mais, comme souvent dans ce genre de cas, il est possible d’imaginer des situations hautement improbables dans lesquelles cette assertion semblerait contestable. En supposant que l’on soit redirigé vers un répondeur visuel en essayant de joindre quelqu’un, le mot bip pourrait alors s’afficher sur notre écran, sans émettre aucun bruit, nous invitant à laisser un message. Il aurait exactement la même fonction que son homologue sonore, qu’il exclurait ainsi, par sa seule existence, de la liste infinie des pléonasmes. Cependant, le bip visuel ne porterait ce nom que par analogie avec le bip sonore que nous connaissons, et pourrait tout aussi bien prendre n’importe quelle autre forme de signal (un mot, une couleur, un symbole…). Le mot bip, à l’écrit, étant de toute façon la retranscription d’un signal acoustique, nous pouvons conclure, après quelques sinuosités, qu’un bip sonore est bien un pléonasme.
Pour inviter l’appelant à laisser un message, on dira donc, au choix : « Parlez après le bip » ou « Parlez après le signal sonore ». Si ce dernier exemple peut paraître discutable (un signal dans ce contexte ne peut être que sonore, même si nous pourrions imaginer des situations fantaisistes où il ne l’est pas…), il est en fait correct car un signal, dans son sens large, peut se manifester de différentes manières (contrairement au bip qui, lui, est sonore). Sa nature doit donc être précisée.