Avoir à faire / Avoir affaire

Sans doute parce que leur pro­non­cia­tion est iden­tique, les lo­cu­tions avoir à faire et avoir af­faire sont par­fois mal or­tho­gra­phiées. Pour­tant, elles se construisent dif­fé­rem­ment et n’ont pas le même sens.

 

Avoir à faire, c’est « de­voir réa­li­ser quelque chose », « avoir des obli­ga­tions à remplir ».

J’ai de nom­breuses choses à faire avant mon départ.

Nous au­rons à faire des com­pro­mis dans cette négociation.

Les oi­seaux mi­gra­teurs ont à faire de longs voyages pour at­teindre leur destination.

Il ne veut rien avoir à faire avec lui.

 

Avoir af­faire, c’est « être en re­la­tion avec quelqu’un (ou quelque chose) ». Dans la plu­part des cas, cette lo­cu­tion est sui­vie de la pré­po­si­tion à, la­quelle convient dans tous les contextes. Cer­tains es­timent que cette pré­po­si­tion a ten­dance à im­pli­quer l’idée d’une hié­rar­chie entre les par­ties concer­nées, et à mettre (lé­gè­re­ment) l’accent sur l’idée de confron­ta­tion, d’opposition.

Tu au­ras af­faire à moi.

Les gang­sters ont eu af­faire à la police.

Il est flatté d’avoir af­faire à un fin gourmet.

Le sa­la­rié a eu af­faire à son patron.

 

Lorsque avoir af­faire est suivi de la pré­po­si­tion avec, l’accent est mis cette fois sur l’idée de né­go­cia­tion, de ré­ci­pro­cité, d’égalité entre les par­ties. Il n’est plus ques­tion de confron­ta­tion ni de hié­rar­chie. Avoir af­faire avec, c’est donc da­van­tage « trai­ter avec ».

J’ai eu af­faire avec vous dans ce dossier.

Il est à no­ter que cet em­ploi est très rare. La nuance entre les pré­po­si­tions à et avec n’étant pas tou­jours évi­dente, elle est peu res­pec­tée et il est tout à fait juste d’employer avoir af­faire à dans tous les contextes, sans for­cé­ment im­pli­quer l’i­dée de confrontation.

 

Il existe ce­pen­dant des cas où l’emploi de l’un ou de l’autre dé­ter­mine le sens de la phrase. Par exemple :

  • Un homme qui a af­faire à une femme est sim­ple­ment en rap­port avec elle dans une si­tua­tion donnée.
  • Un homme qui a af­faire avec une femme en­tre­tient avec elle une re­la­tion galante.

 

Quant à la lo­cu­tion avoir af­faire de, c’est un ar­chaïsme qui si­gni­fie « avoir be­soin de ».

Qu’ai-je af­faire de toutes ces querelles ?

J’ai af­faire de vous, ne sor­tez pas.

J’ai bien af­faire de cet homme-là (c’est-à-dire, par iro­nie : je ne me sou­cie guère de lui ; je n’ai pas be­soin de lui).