Toucher le pactole

Si­gni­fi­ca­tion :
Ga­gner sou­dai­ne­ment beau­coup d’argent.

Ori­gine :
Le vieux Si­lène, tu­teur et com­pa­gnon de Dio­ny­sos, fut un jour re­trouvé ivre sur les terres de Mi­das, roi de Phry­gie. Ce der­nier le re­cueillit et lui of­frit l’hospitalité avant de le re­mettre à Dio­ny­sos qui per­mit au bon roi, pour le re­mer­cier d’avoir fait mille hon­neurs à son tu­teur, de choi­sir sa ré­com­pense. Mi­das, déjà fort riche mais poussé par l’orgueil et la cu­pi­dité, fit le sou­hait de chan­ger en or tout ce qu’il tou­che­rait dé­sor­mais. Lorsque bien­tôt il vit que cela s’appliquait aussi à sa nour­ri­ture (il ne pou­vait donc plus boire ni man­ger), il sup­plia Dio­ny­sos de re­prendre son pré­sent. Le dieu lui in­di­qua la fa­çon de s’en dé­faire : Mi­das de­vrait trans­mettre son don au Pac­tole, une ri­vière de Ly­die, en s’y bai­gnant ; il s’y ren­dit et sui­vit la pres­crip­tion de Dio­ny­sos, se li­bé­rant ainsi du pri­vi­lège qui au­rait causé sa perte. Le Pac­tole, qui de­puis char­rie des paillettes d’or, fit plus tard la for­tune de Cré­sus, der­nier roi de Ly­die (voir Être riche comme Cré­sus).

Pac­tole était à l’origine l’un des fils de Zeus. Ayant dé­floré à son insu sa propre sœur, Pac­tole, de déses­poir, se jeta dans les eaux de la ri­vière Chry­sor­rhoas, qui prit alors son nom.

Cette ri­vière ap­pe­lée Chry­sor­rhoas, dont le nom si­gni­fie lit­té­ra­le­ment « fleuve d’or », pre­nait sa source sur les pentes du mont Tmo­lus, cé­lèbre pour ce pré­cieux mé­tal qu’il abri­tait. Les sables de la ri­vière étaient ainsi ré­pu­tés na­tu­rel­le­ment au­ri­fères avant que Pac­tole ne s’y jette et donc avant que Mi­das ne s’y pu­ri­fie. La co­hé­rence chro­no­lo­gique de la fable s’en trouve contrariée.

No­tons en­fin que le nom de Chry­sor­rhoas fut donné par les An­ciens à plu­sieurs ri­vières dont les eaux, par­ti­cu­liè­re­ment fé­condes, per­met­taient l’ornement, la fraî­cheur et la fer­ti­lité conti­nuelle des jar­dins et ver­gers qu’elles ali­men­taient. Pris dans ce sens, Chry­sor­rhoas dé­si­gne­rait alors non plus une ri­vière rou­lant de l’or, mais une ri­vière dont les eaux bien­fai­santes pro­duisent quan­tité de ri­chesses hor­ti­coles. La lé­gende de Mi­das, ainsi dé­bar­ras­sée du sens lit­té­ral de Chry­sor­rhoas, se­rait alors res­tau­rée. Et si his­to­ri­que­ment ce cours d’eau de­venu Pac­tole char­riait ef­fec­ti­ve­ment l’or qu’il dé­ta­chait du mont Tmo­lus, c’est au mythe de Mi­das s’y plon­geant qu’il doit sa notoriété.