Repartir à zéro / Repartir de zéro 3

Bien que l’usage tende à gé­né­ra­li­ser l’expression re­par­tir à zéro, c’est pour­tant l’expression re­par­tir de zéro qui seule est ac­cep­table, comme l’indiquent la plu­part des dic­tion­naires. C’est du moins la lo­gique qui s’impose lorsqu’on ana­lyse très briè­ve­ment la construc­tion de cette ex­pres­sion : « zéro » re­pré­sente ici un point de dé­part, et il est ad­mis que l’on re­part d’un en­droit pour en re­joindre un autre.

Re­parti de zéro après avoir fait faillite, il est aujourd’hui au sommet.

 

Ce­pen­dant, en 1987, le gram­mai­rien Jo­seph Hanse ap­porte une nuance tout à fait per­ti­nente entre les ex­pres­sions re­par­tir de zéro et re­par­tir à zéro, n’invalidant plus ca­té­go­ri­que­ment cette der­nière, jusqu’alors consi­dé­rée comme incorrecte.

Se­lon Hanse, la pré­po­si­tion de s’impose lorsque l’expression est em­ployée au sens propre, res­pec­tant ainsi ce que le gram­mai­rien nomme la « co­hé­rence lo­gique » : c’est le cas de l’exemple donné précédemment.

La pré­po­si­tion à, quant à elle, trouve sa pleine jus­ti­fi­ca­tion lorsque l’expression est em­ployée au sens fi­guré, par une « co­hé­rence ana­lo­gique » avec re­com­men­cer à zéro et re­prendre à zéro. Par ana­lo­gie avec ces deux ex­pres­sions, la pré­po­si­tion à se se­rait ainsi sub­sti­tuée au de qu’imposait ini­tia­le­ment la lo­gique grammaticale.

 

Plus clai­re­ment, voici les dif­fé­rences entre ces deux em­plois se­lon Hanse :

 

Re­par­tir de zéro im­plique que l’on re­com­mence une même tâche dans un même but. C’est une nou­velle ten­ta­tive après un échec.

Son em­pire s’est ef­fon­dré. Pour le re­cons­truire, il est re­parti de zéro.

Re­par­tir de zéro pour tout re­con­qué­rir est très courageux.

Il n’a pas ren­con­tré le suc­cès es­compté et de­vra re­par­tir de zéro pour y arriver.

 

Re­par­tir à zéro im­plique que l’on fait table rase du passé pour re­com­men­cer, mais dans une tout autre di­rec­tion. Il n’est donc plus ques­tion de nou­velle ten­ta­tive après un échec, mais de nou­veau dé­part (après une dé­cep­tion, une ca­tas­trophe, par exemple).

Sa vie ne lui convient pas. Il ai­me­rait re­par­tir à zéro.

Ou­blions nos dif­fé­rends et re­par­tons à zéro.

Il vou­drait ef­fa­cer son passé et re­par­tir à zéro.

 

Pour les plus in­té­res­sés, voici la com­mu­ni­ca­tion de Jo­seph Hanse dans son intégralité :

« Re­par­tir de zéro » ou « à zéro » (Hanse, 1987)

 

3 thoughts on “Repartir à zéro / Repartir de zéro

  1. MF Fév 3,2014 10:31

    Content de voir cor­rec­tis­simo re­parti pour un tour !

  2. BRG Sep 13,2016 07:07

    Est-il cor­rect de sup­po­ser que re­par­tir à zéro</strong> peut éga­le­ment s’en­tendre comme l’ac­tion de re­tour­ner au point de dé­part, et ce quelle que soit la di­rec­tion que l’on y prendra ?

  3. Correctissimo Sep 13,2016 08:39

    C’est non seule­ment cor­rect, mais sur­tout im­pos­sible au­tre­ment (à moins que j’aie mal com­pris votre ques­tion). “Re­par­tir à zéro” et “re­par­tir de zéro” im­pliquent tous deux un re­tour au point de dé­part. Le choix de la pré­po­si­tion se fera donc en fonc­tion du sens que vous vou­drez don­ner à votre phrase.

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